mercredi 23 mars 2011

Un glacier bien frais

Nous quittons aujourd'hui Fox Glacier, après une semaine de séjour en « work exchange », où nous échangeons quelques heures de travail quotidiennes dans un motel contre un excellent hébergement dans une maison bien douillette partagée avec deux employées. Pendant deux ou trois jours, nous avons craint que notre arrivée sous la pluie battante et incessante n'annonce le reste de notre séjour. Les auspices n'étaient pas excellents ce soir-là, après une longue route montagneuse et mouillée... Mais aujourd'hui, non-seulement le temps est splendide depuis trois jours (exceptionnel dans cette région la plus pluvieuse de nouvelle Zélande) mais en plus nous avons profité à fond de notre séjour!

Notre première « randonnée » dans le coin a été écourtée par la pluie: sur un pont suspendu au-dessus d'une rivière grise, trempés de la tête aux pieds ou presque, nous tentions d'apercevoir Fox Glacier dans sa vallée de pierre. Nous l'avons vraiment vu deux jours plus tard, au bout d'une randonnée de 45 minutes, avec ses reflets bleutés et ses bords qui se confondent avec les éboulis de pierre grise. Nous l'avons à nouveau aperçu lors d'une longue randonnée sur la côte, dévalant la pente des « Alpes du Sud » à 20 kilomètres. Nous avons mis les pieds dessus une première fois, dans des conditions de rêve: à bord d'un hélicoptère, nous nous sommes envolés vers le plus haut sommet de Nouvelle Zélande, le Mont Cook, et son voisin le Mont Tasman. C'était incroyable de voir le paysage évoluer si vite sous nos pieds, depuis les pâturages remplis de vaches et moutons au niveau de la mer jusqu'aux sommets enneigés de plus de 3000 mètres! Après avoir effleuré les pics, nous nous sommes posés tout en haut du glacier, que nous avons pu arpenter pendant quelques minutes. Je ne sais pas ce qui était le plus impressionnant, entre les crevasses du paysage, l'énorme chute d'eau qui s'engouffrait sous le glacier, le trajet de l'hélicoptère qui s'approchait des parois de la montagne... Presque aussi incroyable, les conditions dans lesquelles nous avons fait ce vol, puisque notre « patronne » a négocié que nous embarquions gratuitement dans un appareil où des sièges étaient disponibles! Au final, nous avons dépensé le prix d'un pack de bières, qui a servi à remercier les pilotes et l'équipe.





Pour finir notre rencontre avec Fox Glacier, nous avons embarqué hier pour une randonnée guidée sur la glace, avec crampons et corde! Là encore, notre statut de « locaux » nous a permis d'en bénéficier gratuitement (de justesse) et nous avons dépensé la prix de quelques bières et oeufs en chocolat. Le jour où nous étions arrivés dans l'île du Sud, nous avions longuement discuté avec notre hôtesse anglaise, qui nous avait chaudement recommandé de ne pas nous contenter d'observer le glacier, mais de faire une excursion sur la glace, la dépense en valant le coup. Nous avions donc déjà décidé de faire cette marche. Et comme nous avions bien fait! La sortie dure une après-midi, mais on ne passe qu'une heure (magique) sur la glace. Après nous être équipés et avoir marché une petite heure dans la forêt et sur des chemins de pierre, nous avons empruntés des marches taillées dans la glace (tous les jours, les guides les refont car le glacier change tout le temps, il fond et il avance en même temps) et nous sommes enfoncés entre deux murs de glace. Pour bien se servir de ses crampons, il fallait marcher en tapant du pied, avec les jambes bien écartées (pour éviter de s'arracher un bout de mollet, nous a précisé la guide). Nous avons pu admirer des formations éphémères, des sortes d'igloos naturels (très fragiles cependant) et sommes même descendus dans une sorte de mini-grotte dans la glace (on appelle ça « moulin » en jargon). Pendant notre séjour, nous avons aussi fait une petite randonnée jusqu'au glacier voisin, Franz Joseph Glacier, qui est assez semblable, mais qui offre des conditions de marche un peu différentes.

Toujours à Fox Glacier, nous avons parcourus les 21 kilomètres qui nous séparent de la mer pour rejoindre Gillepsie Beach. Les 3h30 de randonnée que nous devions y effectuer se sont transformées en 4h30 pour cause de présence massive de boue, dans laquelle nous nous sommes enfoncés à quelques reprises jusqu'à mi-mollet, malgré nos acrobaties pour rester au sec. Fort heureusement, cette balade dont le retour nous a semblé interminable nous a beaucoup offert: plages désolées battues par le vent (très romantique), forêt vierge et touffue, vues imprenables sur les Alpes du Sud et surtout, surtout, une rencontre avec des phoques! Il faut dire que c'était un peu le but de notre visite sur cette plage. Après avoir pris quelques rochers pour des phoques, nous avons fini par en repérer quelques uns et les approcher à quelques dizaines de mètres. Le nom scientifique de cet animal est « otarie à fourrure » même si sa taille assez impressionnante fait penser à tout sauf au petit animal qui sait jouer avec un ballon! Surtout quand on en voit galoper sur leurs nageoires et leur queue vers l'océan!

Dernier attrait du coin, où nous sommes allés faire un tour deux fois, Lake Matheson. C'est un joli lac entouré d'une belle forêt qu'on parcourt pendant une heure et demi pour en faire le tour. Son "plus", ce sont les reflets presque parfaits qu'on peut y observer, et particulièrement les reflets des sommets enneigés des Alpes du Sud. Les deux fois où nous y sommes allés, le temps était très différent, ce qui nous a permis d'en profiter encore plus!

Qui eût cru que cette bourgade de 300 habitants (en été, à mon avis) nous offrirait un séjour aussi mémorable? Nous y avons même fêté la Saint-Patrick et rencontré plein de gens sympas avec qui avoir des soirées arrosées avec comme résultat de se sentir vannés le lendemain matin quand nous faisions les chambres ou que nous lavions des vitres en rafale!
Nous allons maintenant passer une semaine à 70 kilomètres au sud d'ici, sur les bords de Lake Paringa, dans un coins beaucoup plus paumé, puisqu'il n'y a même pas un village à proximité. Nous devrions pouvoir pêcher et faire du kayak... mais peut-être pas nous connecter facilement à Internet... A suivre!

Julia

lundi 21 mars 2011

Le long du Pacifique

Mais que s'est-il passé entre notre départ de Maraehako Bay, où nous avons travaillé dur pour nous gaver de fruits de mer, et notre arrivée à Taupo, où nous avons profité des joies de la montagne et parcouru le fameux Tongariro crossing? Bien sûr, si vous êtes des lecteurs sérieux (plus sérieux que moi qui vous raconte notre séjour dans le désordre, par exemple), vous savez où nous étions, grâce à l'itinéraire détaillé et chronologique qui est maintenant à votre disposition. Ce que vous ne savez pas encore, par contre, c'est ce qu'on a fait! Entre ville et campagne, avec pas mal de mer et une rencontre avec des kiwis, voici nos activités entre le 12 et le 14 février!

Le jour où nous avons quitté Maraehako Bay, nous avons voulu, avant de partir, faire une petite randonnée jusqu'à une cascade, que nous n'avions pas eu l'occasion de faire plus tôt. Si je vous la raconte, alors que nous faisons quotidiennement de petites randonnées, c'est parce que rien ne s'est passé comme prévu. Nous nous sommes d'abord trompés de point de départ, traversant et longeant un petit cours d'eau et tombant rapidement sur un cheval dont la corde était trèèès longue et dont nous avons décrété « qu'il était clairement curieux et amical, mais que dans le doute il valait mieux éviter d'être à sa portée, parce qu'on n'est jamais à l'abri d'un cheval fou ». Nous avons donc passé une demi heure à descendre périlleusement dans le ruisseau, à nous faire mal aux pieds en y marchant, à nous enduire les shorts de boue... avant que le propriétaire des lieux, un Maori avec un seul bras accompagné de deux chiens, arrive et nous informe que le départ du sentier était de l'autre coté de la route. Et nous n'étions pas au bout de nos peines, car le sentier était régulièrement coupé par des arbres tombés lors de la récente tempête et nous avons marché pendant une bonne heure, contre les 20 minutes qu'on nous avait « vendues ». La cascade était jolie et rafraichissante, mais beaucoup moins marquante que les aventures qui nous y ont menés. Heureusement, avant de prendre la route, nous avons pu reprendre des forces au « Macadamia café » voisin, le seul commerce des environs de Mareahako Bay, qui produit et commercialise des noix de macadamia sous toutes les formes, y-compris grillées au miel, dans des glaces, du chocolat, des gâteaux...

Plus tard dans la journée, pour couper notre longue route dans la montagne et les nuages, nous nous sommes arrêtés à Tikitiki, une petite ville dont le principal intérêt est son église, banale à l'extérieur, mais richement décorée d'art maori (sculpture sur bois, tressage) à l'intérieur. Nous sommes ensuite arrivés dans un douillet « backpackers » à Tokomaru Bay.



Le lendemain, sur la route, nous avons fait deux beaux arrêts: le premier pour parcourir la plus grande jetée de l'hémisphère sud au-dessus d'eaux turquoises; le deuxième pour profiter d'une belle plage presque déserte. Au bout de notre route, Morere, à peine une bourgade, où nous étions hébergés dans une propriété qui comprenait un petit complexe de sources d'eau chaude au milieu d'une forêt. Après avoir profité des sources (chaude, très chaude, puis froide) pour nous tous seuls, nous avons dormi dans une petite maisonnette charmante, entourés de moutons, de romarin et de fleurs. C'était incroyablement douillet et ça reste pour l'instant l'hébergement que nous avons préféré en Nouvelle Zélande!

Arrive alors l'anniversaire de François. Ca tombe bien, nous nous dirigeons vers une vraie ville, Napier, qui en plus est réputée pour ses bâtiments Art déco. C'est sûr, nous allons trouver de quoi fêter ça! Las, le temps que nous nous posions dans notre backpackers (un ancien grand hôtel Art déco, très sympa, entre nous soit dit ) et que nous fassions un arrêt à la pharmacie, il était 16h30 et les magasins fermaient... Nous avons tout de même pu faire un tour pour découvrir l'architecture acidulée de cette ville détruite par un séisme en 1931 et dont la reconstruction s'est entièrement faite dans le style en vogue à l'époque. Pour marquer le coup, nous avons dîné dans un cool restaurant à burgers, avant de déguster un gâteau abricot-crumble à notre retour au backpackers.


Avant de faire route vers Taupo, nous sommes allés à l'aquarium de Napier, qui est aussi l'aquarium national du pays. Nous avons été un peu déçus par les poissons, sans doute parce que nous avions déjà vu des aquariums plus impressionnants. Par contre, les lieux permettaient aussi d 'apercevoir des animaux néo-zélandais, et tout particulièrement des kiwis. Dans une pièce plongée dans la pénombre (les kiwis sont des animaux timides et nocturnes) nous avons pu voir deux spécimen de ce curieux oiseau qui ne vole pas. Il y avait le timide et l'expansif, le second poursuivant et tapotant le premier de son bec comme pour l'encourager à s'approcher de la vitre, jusqu'à ce que le premier s'énerve et lui donne de plus gros coups de becs et se recroqueville sur lui-même. L'extraverti a dont fini par faire le show tout seul. Ces kiwis, qui étaient de la race la plus courante (bien qu'en danger) sont assez gros, comme une poule bien dodue. Leur déplacement sur leurs fines pattes, précédés par leur bec ridiculement long, leur donne une dégaine vraiment amusante!

Impossible de les prendre en photo, les flash ne leur font vraiment pas plaisir, alors voici une photo de kiwi brun, comme ceux que nous avons vu. C'est cette image en tête que nous avons fait route vers Taupo et là-bas, vous savez déjà ce qu'il s'est passé...

Julia

dimanche 13 mars 2011

Le blog s'étoffe (un peu)

Quoi??? Deux posts aussi rapprochés??!? C'est indécent!
Toujours est-il que celui-ci sera très court: il s'agit de vous informer de la création de la page "itinéraire et carte", où figure notre périple de façon détaillée et CHRONOLOGIQUE, ce qui vaut son pesant de cacahuète dans le cas présent. Il y a même une jolie carte avec un trait bleu qui représente notre voyage! N'hésitez pas à cliquer sur l'onglet en question.
J'en profite pour vous dire que nous sommes sur la côte Ouest de l'île du Sud, dans la "grande" ville de Greymouth. Nous restons au total 8 jours, dont use semaine (déjà bien entamée) où nous travaillons 2h30 tous les matins en échange de l'hébergement gratuit. Ca nous permet d'aller faire quelques rando, de visiter des sites naturels... et ce week-end, nous avons pu aller au "Wild Foods festival" dans la ville voisine d'Hokitika, avec plein de nourriture étrange au menu! Ensuite, nous ferons route vers Fox Glacier, où nous resterons une semaine aussi.
Julia

samedi 12 mars 2011

La machine à remonter le temps



Vous vous souvenez quand on avait disparu (non pas cette fois-ci, celle d'avant), entre le 3 et le 12 février environ? Eh bien c'est de ça que je vais vous parler aujourd'hui. Il faut bien commencer par quelque chose quand on a eu une période avec peu de connexion qui a légèrement sapé ma motivation à redonner vie au blog...
Pendant cette période là, donc, nous avons fait route depuis Auckland vers l'extrémité Est de l'île du Nord, East Cape. Notre semaine à Auckland s'étant en grande partie résumée à des démarches visant à nous permettre de bien parcourir le pays, elle s'est achevée peu après l'achat du bolide qui fait notre fierté, une Mitsubishi Chariot 1995 bleue. Nous avons pris la route vers l'est, guidés par la vague image d'un « backpackers », une maison en bois construite directement sur la mer. J'avoue que j'étais assez attirée par l'idée de nous laisser guider par ce petit poster que nous avions vu à Auckland. Et ce d'autant plus que la région en question est à l'écart des circuits touristiques et a une forte population maorie.
Nous avons donc pris la route pour faire une première étape à Tauranga, important port commercial et petite station balnéaire. Nous y avons seulement passé la nuit, avant de nous diriger à Mount Maunganui, à quelques kilomètres de là. Las, le mont qui a donné son nom à la sympathique bourgade balnéaire, dont nous pensions faire l'ascension, était entièrement fermé au public. Il faut dire que la tempête Wilma, qui sévissait lorsque nous sommes arrivés en Nouvelle Zélande, a provoqué une bonne centaine de glissements de terrain sur le seul Mount Maunganui... Nous nous sommes donc contentés d'une promenade sur une micro-île voisine et d'un coup d'oeil à la compétition de « surf life-savers » junior qui avait lieu sur la plage proche. Pour clore cette rude matinée, un petit tours aux piscines d'eau de mer chaude... c'était par-fait!
Ensuite, en route pour Opotiki, qui marque la limite entre la région de Bay of Plenty, où nous étions, et d'East Cape. Nous sommes restés deux nuits dans une auberge sympa tenue par un couple d'Allemands. L'ambiance était vraiment décontractée et la maison en bois local (kauri) très belle, presque autant que le jardin. Opotiki était la première ville sur notre parcours à être autant marquée par la culture maorie: sculptures en bois dans les lieux publics, marae (lieux de rencontre des communautés maories)... C'est une ville qui a été au coeur de la résistance des tribus locales aux Européens au XIXème siècle. On s'y croirait un peu dans un western, avec de larges rues bordées de bâtiments à un étage, presque entièrement vides. Nous y avons fait une belle promenade dans un domaine planté d'espèces endémiques et avons passé un moment de pur bonheur à la plage. Bon, la plage c'est toujours sympa. Mais n'avoir aucun voisin de serviette à moins de 150 mètres, personne pour nous entendre hurler de bonheur dans les vagues, c'est très très grisant!




Nous avons ensuite poursuivi notre route vers notre « vision », le Maraehako Bay Retreat, le fameux backpackers sur la plage. Nous avions réservé deux nuits, qui sont devenues trois, auxquelles se sont ajoutées trois autres nuits passées en travail-contre-hébergement. L'endroit est tenu par une famille maorie, dont nous avons du coup partagé le quotidien pendant quelques jours. Coup de bol, le fils ainé était là en vacances pour quelques jours... nous avons donc profité des festins prévus pour l'occasion.
Nous avons travaillé assez dur, 5 heures par jour à faire du ménage (toutes les vitres de l'endroit + brossage en règle de rideaux de douche pour ma part), du jardinage (pour nous deux) et des tâches de mââââle pour François (creuser une tranchée d'évacuation sous la pluie, porter des bûches énoooormes, etc.) Mais nos efforts étaient récompensés à chaque repas par des langoustes, du gibier, un barbecue, etc. C'était excellent. Nous savions déjà que nous avions beaucoup de chance, mais quand nous avons vu le prix de certains de ces produits plus tard dans nos aventures. Il faut dire que la famille chez qui nous étions avait gardé la tradition de s'approvisionner dans la nature.
C'est ainsi que nous avons accompagné Pihi, le propriétaire des lieux, relever ses casiers à crayfish (assez proche de la langouste, ça se vend à prix d'or dans les stations balnéaires) et qu'il nous a emmené pêcher le paua avec masques et tuba. La paua, c'est un peu le (gros) coquillage iconique de la Nouvelle Zélande. Sa coquille irisée décore beaucoup d'objets et de souvenirs. Et les Maoris raffolent de sa viande (oui, on peut dire viande, vu que ça fait la taille d'un petit steak haché) qui demande une préparation experte à laquelle nous avons pu participer sur les rochers de la petite crique où nous vivions. En tout cas, nous avons beaucoup aimé, mais nos expériences plus récentes avec le paua nous ont confirmé que la préparation doit vraiment être réussie... Nous avons aussi eu droit, au coin du feu (rien de tel pour admirer les nuits étoilées) aux nombreux récits de chasse du plus jeune fils qui chasse le cochon sauvage sans arme à feu. Pensez-vous, un couteau et des chiens, ça suffit!


En un mot, notre séjour dans cette famille a été un sacré coup de bol et une sacrée découverte de la vie rurale, du sens de la famille et de l'hospitalité des Maoris... et des spécialités locales!

Julia