dimanche 23 octobre 2011

Le pays du Gros Ballon Ovale

La Nouvelle Zélande, pays du rugby? Pas si sûr!

Hinhinhin, je vous ai bien eus, bien sûr que si c'est LE pays du ballon ovale, le Royaume d'Ovalie, le temple des essais, en somme la contrée des All Blacks. Et, comme cela ne vous a pas échappé, après un mois et demi de matchs non-stop, la Coupe du Monde de rugby va se terminer en fanfare ici avec un France – All Blacks mythique (enfin, on espère). En somme, c'est le moment ou jamais de se pencher sur le sujet...

Déjà, lorsque nous étions sur la route à travers le pays, nous avions remarqué que, lorsque nous révélions que nous étions Français, la principale réaction consistait à nous parler de rugby, essentiellement de l'équipe française, et plus particulièrement de sa tendance à battre les All Blacks de façon frustrante et inattendue. Les mentions de la culture française, de la politique ou encore du Rainbow Warrior étaient beaucoup plus rares!

Nous avions aussi remarqué que le moindre village avait son terrain de rugby, et avions assisté à un match local à Edendale, tout au sud de l'île du Sud, qui était ma foi de bonne tenue, et très physique. Autre indice, pour Pâques, les enfants ont des oeufs et des lapins « All Blacks »...

Match à l'ombre de la plus grande usine laitière du pays, à Edendale

Pour en revenir à la Coupe du Monde, même si le sujet faisait la une des journaux depuis plusieurs mois, la fièvre de la Coupe du Monde n'a commencé que quelques jours avant le début de l'évènement. Le coup d'envoi et la cérémonie d'ouverture ont eu lieu un vendredi et c'est vers le mercredi que tout d'un coup tout le monde a commencé à être très excité, s'est rué dans les magasins à deux dollars pour acheter drapeaux et autres peintures pour le visage, et a décidé de consacrer l'essentiel de ses conversations au rugby (contre environ 25% des conversations en temps normal).


Une des nombreuses voitures en ville aux couleurs de Samoa

Et en termes de conversation, il y a du niveau! On compare les tactiques, les styles de jeu, on connaît le nom de tous les anciens All Blacks, on est capable de citer la date de tel ou tel match passé. J'ai assisté (légèrement éberluée) à une conversation très sérieuse entre trois de mes collègues femmes, toutes âgées de 55 à 65 ans, comparant les styles d'arbitrage et citant leurs arbitres préférés. Personnellement, j'en ai retenu qu'il y avait un arbitre Kiwi dont le père était arbitre pour la première coupe du monde et qui était un gros nul, et qu'il ferait mieux d'arbitrer comme un certain arbitre sud-africain. Heureusement, je suis quand même capable de suivre la plupart des conversations a) parce que les gens sont gentils et m'expliquent bien les choses et b) parce que je participe de bon coeur à la rubrique « blagues et chambrages en tous genres », ma nationalité française s'y prêtant bien.

Au travail toujours, dans l'entreprise de François comme dans la mienne, chacun y est allé de sa décoration de bureau, affichant les couleurs de son pays ou de l'équipe qu'il soutient. Personnellement, j'ai opté pour la controverse avec comme thème « France vs All Blacks » (un grand succès vu le nombre de conversations provoquées).

En ce qui concerne les matchs eux-même, nous avons passé beaucoup de temps dans le Fan Zone de Wellington, près du front de mer, où tous les matchs sont retransmis sur écran géant. Nous avons aussi eu la chance d'aller voir Ecosse-Argentine et France-Tonga au stade. Dans les deux cas, l'ambiance était incroyable, joyeuse, colorée. Même notre défaite face à Tonga a eu du bon, car la fierté des supporters Tonguiens était immense, et nous avons en plus eu droit à un tour d'honneur des joueurs, ponctué de plusieurs Sipi Tau (la danse guerrière qu'ils effectuent avant chaque match).


Maintenant, à quelques heures de la finale tant attendue, nous chantons la Marseillaise sous la douche (il faudra donner de la voix dans la Fan Zone!), nous préparons notre peinture pour visage, nous sortons nos dernières vannes face à nos amis Kiwis. Tout le monde est très excité, mais aussi inquiet. Cette coupe du Monde, les Néozélandais en rêvent depuis 24 ans et ils espèrent bien que ce n'est pas la France, leur Némésis, qui va les en priver. Et notre jeu a été tellement, euh, imprévisible, qu'on ne sait vraiment pas à quoi s'attendre. Comme je le disais à des amis récemment, si la France gagne, ce n'est pas grave, on ne pourra pas trop nous embêter, puisque nous quittons de tout façon la Nouvelle Zélande dans quelques jours. C'est ce qui s'appelle avoir le sens du timing.

Julia



* Dans la vraie vie, la Nouvelle Zélande s'appelle en maori Aotearoa, pays du Long Nuage Blanc. Mais franchement, il pourrait aussi s'appeler « du Gros Ballon Ovale »